CRÉPUSCULE À SCHIFFLANGE
Fern Bertemes – huile sur toile, 2009
Une première période très prolifique de la vie artistique du peintre a été fortement caractérisée par la compénétration de la peinture et de l’architecture.
À cette époque, les études de Bertemes l’ont conduit à vivre dans des grandes villes comme Berlin et New York, que l’artiste a peint et dont il a témoigné une mutation perpétuelle. À la base de ses œuvres se situe la peinture-architecture comme une preuve incontestable du cours de l’histoire et ainsi de l’évolution socio-politique de ces jours.
Le peintre apporte avec lui cet esprit d’observation et de témoignage à son retour au Grand-Duché de Luxembourg. Il se consacre à un exercice d’observation statique et obstiné, spectateur d’un dynamisme inarrêtable qui, au cours des dernières décennies, a complètement transformé le visage de notre pays. Notamment la ville d’Esch et ses alentours représentent pour Bertemes à la fois des souvenirs d’enfance et un avenir inéluctable, parfois perçu comme « la chronique d’une mort annoncée », ce qui donne à l’artiste un regard nostalgique et sceptique.
De là, naissent comme il les définit lui-même, des « documents d’archéologie industrielle », que nous vous invitons à découvrir sur la page personnelle de l’artiste; cela pour voyager dans le temps et dans l’espace et pour découvrir davantage l’histoire de notre pays, et pas seulement.
Ici une des pièces les plus représentatives de la collection de la commune, intitulée « Crépuscule à Schifflange ». Elle est une œuvre de grand format, comme il est dans les coutumes de l’artiste. Cette toile a pour objet le complexe industriel, désormais désaffecté, de l’Arbed Esch-Schifflange. L’artiste montre constamment une forte attention vers l’intégration de la réalité artificielle de l’homme – et des fruits de son travail – dans le paysage naturel. La partie architecturale dans ce cas particulier semble prévaloir, par rapport à d’autres toiles de la même période: les bâtiments peints d’une qualité nette, s’élèvent dans une nature inculte et indomptable. Cependant, le drame et l’aspect dramatique de l’élément naturel sont presque éminemment attribués au ciel et au jeu de réflexion, auquel le plan d’eau se prête. De la netteté de l’exécution des bâtiments se détournent les courts coups de pinceau utilisés dans la représentation des arbustes et les plus longs sont principalement utilisés pour le ciel. La peinture de Bertemes est une peinture de couleurs contrastées et visiblement texturale, qui derrière un apparent et délibéré non finissage, visible au bas de la toile, cache une maîtrise stylistique reconnaissable dans chacune de ses créations.